Biographie - Marie-Joseph Kampé de Fériet

Premier directeur de l'Institut de Mécanique des Fluides de Lille

kampedeferie.jpgMarie-Joseph Kampé de FérietNé à Paris en 1893, Marie-Joseph Kampé de Fériet obtient la licence ès sciences à la Sorbonne en 1913. Il effectue ensuite un stage à l'Observatoire de Paris où il travaille le sujet de la transmission radiotélégraphique de l'heure. Bien que mobilisé, il soutient en 1915 une thèse de doctorat sur les fonctions Hypersphériques. Il reçoit en 1916 son affectation à la Commission d'Expériences de l'Artillerie Navale à Gâvre où il est chargé des études de balistique. Kampé de Fériet est nommé Maître de Conférence à la Faculté des Sciences de Lille en 1919, puis professeur en 1927 et titulaire de la Chaire de Mécanique en 1930.

C'est en 1928 qu'un Ministère de l'air fut créé. Son directeur y associa l'Université par la création de quatre Instituts de Mécanique des Fluides destinés à promouvoir la recherche aéronautique en France dont un à Lille (IMFL). Pour ce dernier, la direction fut confiée à Kampé de Fériet.

Tout de suite, celui ci s'assure la collaboration de la société Henry Potez pour l'aéronautique et des Etablissements Neu pour la ventilation et le conditionnement d'air : cette idée de rapprochement avec le secteur industriel était alors une innovation d'avant-garde dans les milieux universitaires.

Membre de la Commission de Turbulence Atmosphérique créée en 1935, Kampé de Fériet participe à ce titre aux campagnes de vol à voile du Centre Aérologique de la Banne d'Ordanche, aux environs de La Bourboule. Dans les Alpes, il utilise systématiquement les nuages comme moyen de visualisation pour étudier les mouvements de l'atmosphère. En 1936, sur le pic du Mont Cervin, les observations directes par cinématographie, confrontés avec des résultats d'essais sur une maquette disposée dans la grande soufflerie horizontale de l'IMFL, vérifient de façon tout à fait remarquable les règles de similitude dynamique. Ses publications sont nombreuses en aérodynamique et hydrodynamique : de 1929 à 1939 on compte une quarantaine de mémoires et articles, ainsi qu'un ouvrage important sur les fonctions hypergéométriques de Gauss (1937) . Parmi les recherches plus théoriques, on peut citer les travaux sur l'équation de Navier-Stockes pour un fluide visqueux en mouvement et sur les possibilités de ramener le problème à celui d'une équation de la chaleur. Mais le plus grand nombre des travaux a pour objet la théorie de la turbulence et ses aspects énergétiques.

En 1940, sur ordre, il se replie avec l'IMFL à Toulouse. De retour à Lille en 1945, Kampé de Fériet confie la direction de l'IMFL à son collaborateur le Maître de Conférence André Martinot-Lagarde.

En 1955, il inaugure à Lille l'enseignement de la mécanique des milieux continus. Il contribue aussi aux activités du Troisième Cycle par ses exposés sur la théorie de l'information et la théorie des fonctions aléatoires.

A partir de 1963, il oriente ses recherches personnelles vers les problèmes de la turbulence en mécanique des fluides, ce qui le conduit à des travaux mathématiques d'aspect parfois assez abstrait ; la mécanique statistique des fluides débouche alors sur une mécanique statistique des milieux continus, l'intention étant d'aboutir à une théorie générale des systèmes évolutifs aléatoires. Le calcul des probabilités et la théorie de l'information forment la base de tous ces travaux. En ces années Kampé de Fériet acquiert une réputation mondiale dans les milieux scientifiques où se manifeste un renouveau des concepts mathématiques. On lui compte alors plus de deux cents publications en France et à l'étranger.