Fulvio, ingénieur aérodynamicien au Département aérodynamique, aéroélasticité, aéroacoustique

Fulvio, ingénieur aérodynamicien au Département Aérodynamique, Aéroélasticité et Aéroacoustique (DAAA)C’est quoi pour toi, Fulvio, être ingénieur, et pourquoi avoir choisi cette voie ?

J’adore le terme « ingénierie ». On y retrouve le mot latin « ingenium », qui est lié à la créativité et l'innovation. Pour moi, être ingénieur signifie exercer le métier de la créativité et de l’esprit d’invention. Choisir cette voie est à mon avis le chemin le plus direct pour qui a une curiosité vers le fonctionnement des choses et veut contribuer à leur création, à leur développement, à leur amélioration. Ingénieur c’est la profession de qui a « ingenium ».

L’ONERA, tu y pensais depuis quand ?

J’ai découvert l’ONERA assez tardivement, en dernière année d’école. J’étais fasciné par l’aérodynamique, la branche de la mécanique des fluides qui s’intéresse au mouvement de l’air autour de nous, et l’idée de me dédier à temps plein à cette discipline ne me déplaisait pas. À l’époque, l’ONERA était pour moi bien décrit par ces trois mots : recherche, publique, aérospatiale. J’ai tout de suite pensé que c’était mon domaine.

Qu’est-ce qui te passionne dans ce métier ?

La possibilité de travailler avec les moyens qu'on nous offre : humains, techniques et financiers. Si je repense à mon parcours professionnel, je l'ai débuté au centre ONERA de Meudon, avec l'analyse expérimentale dans une soufflerie transsonique, entièrement à ma disposition dans le cadre d'un stage. Ce stage m'a ensuite amené vers une thèse, au sein de la même équipe, où j'ai appris à me servir des outils numériques pour l'analyse d'un phénomène très complexe et encore plus passionnant.

Après un postdoc en Angleterre, où j'ai eu l'occasion d'appliquer la simulation numérique à des configurations industrielles, je suis revenu à l'ONERA/Meudon, au DAAA, pour mettre en œuvre mes compétences. Ce que je trouve intéressant dans ce métier, c'est la diversité de nos activités : un jour, on fait de la recherche « pure » dans un projet scientifique visant à la compréhension d'un phénomène, le lendemain, on passe sur un contrat avec un industriel pour le développement d'un produit. De l'expérimental, de la théorie, du numérique.

Cette diversité est alimentée par la richesse des moyens à notre disposition : je suis entouré par des collègues qui sont des experts dans leur domaine, et je ne cesse pas de me sentir petit face à eux. Je peux profiter de tout ce que l’Office met à disposition en termes d’équipement, numérique ou expérimental. J’ai le support financier pour mettre en œuvre les idées qui me passent par la tête.

L’exemple plus récent est le projet interne dont je suis responsable. Avec l’aide de mes collègues qui travaillent sur ce sujet depuis des années, on a abouti sur une proposition de recherche : d’abord la conception, ensuite un essai en soufflerie et puis la restitution numérique. On nous a répondu : « allez-y, faites-le, on vous donne les moyens ». C’est une grosse responsabilité, mais on est souvent récompensé.

Sur quel type de projets t’imagines-tu travailler dans 10 ans ?

J’ai hâte de découvrir mes activités de l’année prochaine, mais pour celles à 10 ans, c’est plus complexe. Depuis quelques années, j’ai introduit dans mon vocabulaire les mots « encadrer » et « gérer » : dans 10 ans, je pense que je profiterai de mon expérience pour guider la recherche, plutôt que la faire avancer par mes moyens. Je donnerai plus de place au montage et à la gestion de projets, mais toujours en gardant des activités techniques et scientifiques, qui sont la nourriture du cerveau d’un ingénieur-chercheur. Une grosse partie des activités de l’ONERA est la collaboration avec d’autres instituts de recherche et industriels européens. J’ai déjà été impliqué en tant que chercheur dans plusieurs projets avec mes homologues d’une quinzaine de pays différents. Dans 10 ans, je m’imagine à réfléchir sur la façon d'orienter ces projets et donner ma contribution pour faire avancer les études et la recherche aérospatiale en Europe et dans le monde.