Jean-François, ingénieur de recherche Radars imageurs aéroportés au Département électromagnétisme et radar et Chargé du rayonnement scientifique pour la région PACA

Jean-François, Ingénieur de recherche Radars imageurs aéroportés au Département ÉlectroMagnétisme et Radar (DEMR) et Chargé du rayonnement scientifique pour la région PACAParle-nous de ton métier et de ce qui t’y a conduit ?

Mon travail porte sur les capteurs radars imageurs depuis la définition initiale jusqu’aux applications finales (spécification, réalisation du capteur, tests de fonctionnement, mesures aéroportées, traitement du signal et analyse des données). C’est assez rare de pouvoir travailler ainsi. Je gère des projets, et je travaille pour DSO National Laboratories (agence nationale de recherche pour la défense nationale de Singapour, anciennement Defense Science Organization) dans le cadre d’études portant notamment sur la propagation des ondes radars dans des milieux complexes. Les campagnes d’essai en vol, un des aspects très agréables de ma profession, ne constituent pas la majorité de mon temps. C’est la cerise sur le gâteau, après des semaines de mise au point en laboratoire.

J’ai fait une école d’ingénieur en électronique, puis j’ai passé un doctorat en astrophysique à l’Observatoire de Grenoble. Devenu vacataire à l’université de Montpellier, j’ai répondu à une offre de poste au DEMR, à l’ONERA/Salon-de-Provence, vue sur internet. Elle me correspondait plutôt bien : dans le cadre de mon cursus, j’ai travaillé à l’exploitation à venir des données du radar sondeur MARSIS de la sonde Mars Express, et réalisé un simulateur d’écho radar pour cet instrument. Un séjour de 5 mois au Jet Propulsion Laboratory, aux États-Unis, a complété mon parcours. J’ai été retenu grâce à ces expériences.

Pourquoi avoir choisi de travailler à l’ONERA ?

Ce qui m’a surtout séduit, c’est la richesse des métiers de l’ONERA. Peu d’organismes de recherche aérospatiale offrent une telle multidisciplinarité. Je connaissais ses souffleries et ses activités. Un membre de ma famille y travaillait, dans le domaine du calcul numérique aérodynamique (code Elsa). Et l’équipe du Département optique et techniques associées (DOTA) spécialisée en optique adaptative, coopérait régulièrement avec l’Observatoire de Grenoble. L’ONERA m’était déjà assez familier.  

Quelles sont selon toi les trois qualités qui font un bon ingénieur ?

En premier lieu, je dirais la curiosité, l’ouverture d’esprit. Il faut s’intéresser à beaucoup de domaines et comme nous travaillons en amont de l’industrie, oser réaliser des essais pour trouver la meilleure solution.

Je parlerais ensuite de persévérance, d’opiniâtreté. Les expériences ne fonctionnent pas du premier coup, il faut toujours tester plusieurs pistes.

Enfin, il faut savoir travailler avec méthode. Notre métier à l’ONERA allie ingénierie et science ; Notre rigueur et nos méthodes sont connues et reconnues. C’est une grande force.

De quoi es-tu le plus fier ?

En 2018, j’ai participé à la campagne de recherche du fan hub d’un A380 qui s’est décroché en vol, tombant sur la calotte glaciaire du Groënland. Le Bureau d’Enquêtes et Analyses (BEA) a sollicité notre équipe pour rechercher cette pièce. Nous avons proposé de mettre notre radar aéroporté SETHI (Système Expérimental de Télédétection Hyperfréquence Imageur) à son service.

Nous avons d’abord défini la signature radar du moteur lors d’un test sur la région de Nîmes. Puis, nous avons effectué une campagne de vol de trois semaines au-dessus de la calotte glaciaire. Nous avons ensuite travaillé pendant près d’un an sur le traitement informatique des données et les avons analysées. Nous avons réussi à localiser la pièce de moteur et elle a été récupérée en février 2019. C’est une aventure scientifique et humaine marquante, vécue dans de superbes paysages. Elle a valorisé nos méthodes et a généré une belle reconnaissance. Elle a été de surcroît très utile, car elle a permis au constructeur de comprendre la cause de la rupture de l’axe du moteur.

Comment envisages-tu ton évolution de carrière ?

Depuis le mois de juillet 2019, je suis devenu Chargé du rayonnement scientifique pour la région PACA. Je représente mes collègues du centre de Salon auprès des instances départementales, régionales. Je rencontre des équipes scientifiques, je suis en contact avec les différents guichets régionaux de financement de la recherche. C’est un nouvel aspect du travail, très intéressant, qui me sort du laboratoire.

A moyen ou long terme, j’aimerais bien devenir chargé de mission sur un domaine scientifique, travailler en transversal, avec différentes équipes. Mais pour l’instant, je suis très heureux dans mes fonctions et au centre de Salon de Provence, où je suis également représentant du personnel.