Laurent, ingénieur chercheur et manager d’équipe au Département physique, instrumentation, environnement, espace

Laurent, Ingénieur chercheur et manager d’équipe au Département physique, instrumentation, environnement, espace (DPHY)Laurent, parle-nous de ton métier et de ce qui t’y a conduit ?

Je suis ingénieur chercheur et chef de l’unité de recherches Effets composants matériaux du Département physique, instrumentation, environnement, espace à Toulouse. Nous travaillons sur les effets radiatifs sur les composants et les matériaux dans l’espace. Je suis en charge du management et de l’orientation technique de l’équipe composée de 17 personnes, à savoir 6 ingénieurs, 5 techniciens, 4 doctorants, 1 postdoc et 1 alternante.

Je mène des expertises pour nos principaux clients, essentiellement des agences spatiales nationales et européennes, des leaders industriels comme Airbus Defence and Space et Thales Alenia Space, ainsi que des fabricants de composants.

Pour ces derniers, destinés à être embarqués, je mène des études triaxiales : tout d’abord, évaluer leur degré d’embarquabilité, lors des phases préliminaires de développement de systèmes électroniques. Anticiper les dégradations pouvant survenir sur ces composants en fonction de leur niveau d’intégration technologique. La tendance mondiale (loi de Moore), c’est produire toujours plus performant, moins énergivore et plus intégré. Je dois donc étudier son impact sur la sensibilité des composants vis-à-vis d’environnements radiatifs. Et dernier point, je fournis un support aux acteurs de la microélectronique afin de fabriquer des composants plus résistants aux radiations, pour respecter les normes de fiabilité imposées lors des missions spatiales.

Ce qui m’a conduit à cette activité ? En 2005, étudiant à l’université de Montpellier, un de mes professeurs en électronique recherchait des étudiants pour ses stages. Ils collaboraient avec la NASA sur les effets des radiations sur les composants pour des missions spatiales France-USA. Cela a fait tilt !

Il y avait d’une part, le côté rassurant de l’électronique que je connaissais et celui qui me faisait rêver, le domaine spatial dans lequel, je souhaitais déjà œuvrer. Je me suis orienté vers les acteurs de référence et l’ONERA en faisait très clairement partie.

Pourquoi avoir choisi de travailler à l’ONERA ?

J’ai mené une thèse en collaboration ONERA/CNES. J’ai rapidement identifié que le positionnement de l’Office, entre monde académique et industrie était optimal. Plusieurs éléments ont aussi conforté mon désir d’y travailler : nous conduisons des travaux sur des sujets dont nous maîtrisons l’orientation et le choix technique, pour peu qu’on soit proactif. Et pouvoir évoluer dans une structure de recherche à taille humaine où le contact avec chacun est facile est un réel atout. Ensuite, il existe une forte valorisation scientifique de nos travaux.

Quelles sont selon vous les trois qualités qui font un bon ingénieur ?

Tout d’abord la curiosité ; avoir envie de faire de nouvelles choses, savoir se réinventer pour passer d’un élément à l’autre et donner du dynamisme dans ses activités. La deuxième, la capacité à bien gérer des projets, faire sauter les verrous technologiques, en adéquation avec la gestion du temps et des ressources. Et enfin savoir valoriser scientifiquement et en retour sur investissement les recherches qui en découlent, pour décrocher de nouveaux contrats, de nouvelles collaborations.

De quoi es-tu fier ?

Il y a trois ans, on m’a proposé d’être éditeur invité dans une revue à comité de lecture. C’était la première fois que je pouvais coordonner l’édition d’un journal scientifique référent dans le domaine. Une reconnaissance, de la part de la communauté internationale, de l’expertise que j’ai pu développer avec et grâce à l’ONERA.

Comment envisages-tu ton évolution de carrière ?

Etant devenu manager assez rapidement, ce qui est une chance, je souhaite passer une habilitation à diriger les recherches, un objectif à court terme. Ensuite, à plus long terme, je souhaite m’impliquer plus largement dans la communauté spatiale, au-delà de la thématique des radiations, afin d’avoir une vision globale des contraintes de nos partenaires ou clients, prendre de la hauteur par rapport au domaine spatial.