Johan, pourquoi avoir choisi d’être chercheur ?
Enfant déjà, j’étais amoureux des matières scientifiques, j’ai donc choisi cette voie pour mes études. Après les classes préparatoires, passionné de biochimie, j’ai intégré Chimie ParisTech. En Master, j’ai effectué un stage sur les cristaux dédiés aux lasers de puissance, et j’ai découvert la chimie du solide : une révélation ! J’ai poursuivi mon cursus dans cette thématique, à l’Institut de Recherche de Chimie ParisTech, avec une thèse financée par la Direction générale de l’armement (DGA) et pour laquelle j’ai été primé.
J’ai pris connaissance de l’ONERA lors de ma dernière année de doctorat. La rencontre avec deux chercheurs, respectivement experts en photonique et en cristallographie a été décisive. J’ai candidaté en ligne pour un poste dans le domaine des matériaux structuraux céramiques en 2006. Cependant, le directeur scientifique général de l’époque souhaitait mettre en œuvre une activité de matériaux pour l’optique compte tenu de mon profil. J’ai donc développé deux axes de recherche, le premier avec mon collègue du DPHY et le DSG, sur les lasers du moyen infrarouge à forte puissance destinés aux contre-mesures laser et à la détection d’émissions chimiques à longue distance. Le second est dédié à la conception de céramiques transparentes pour dômes et fenêtres de missiles. A l’ONERA, toutes les conditions étaient réunies pour débuter cette activité, en termes de compétences, d’outils, et moyens d'essais. J’ai lancé des stages, obtenu des financements de l’Agence nationale de recherche (ANR), puis des contrats avec la DGA et MBDA.
Quel est ton quotidien à l’ONERA ?
Il se divise entre trois pôles : le montage de projets, le travail scientifique - combinaison d’expérimental, modélisation et de simulation numérique - et l’encadrement d’étudiants. Les projets sont conçus à partir de nos idées ou d’un besoin extérieur, en coopération avec d’autres parties prenantes… Nous les bâtissons et les rédigeons. Pour un contrat, nous élaborons une offre commerciale. S’agissant d’un projet, qu'il soit ANR, européen ou d’étude amont, les guichets de financement diffèrent. Nous instruisons les dossiers ad hoc avec mes collègues.
En laboratoire, je travaille sur les procédés d’élaboration et les propriétés de matériaux. Je développe de nouveaux bancs pour les caractériser en fonction d’un besoin identifié sur la pièce finale, comme les propriétés optiques, en fonction de la température et leur modification en conditions de vol. Je me documente sur les méthodes, que j’adapte aux besoins de l’étude. Il faut prendre en compte les contraintes physiques et chimiques de la mesure pour pouvoir la réaliser dans les spécifications définies. Après conceptualisation, les données sont adressées au bureau d’études qui produit les schémas destinés à la fabrication des composants, chez des prestataires extérieurs et que je réceptionne. Après leur montage, je mets au point la mesure.
J’encadre entre un et trois étudiants l’an, stagiaires, apprentis ou doctorants. Je construis des sujets auxquels ils postulent. Je transmets du savoir-faire, je suis leur évolution. Je donne également quelques heures de cours par an à l’INSA Rouen et à l’Université d’Evry.
A quel projet es-tu fier d’avoir participé ?
Sans conteste, les céramiques transparentes ! L’ONERA est aujourd’hui reconnu en France pour la conception de fenêtres hautes températures par la DGA et MBDA.
Nous travaillons majoritairement sur de la caractérisation actuellement, mais nous aurons une thèse pour l’élaboration de nouveaux matériaux en 2020. Là où les équipes de l’ONERA excellent, c’est qu’elles sont très réactives et qu’elles agrègent des expertises multidisciplinaires. C’est la force technologique de l’ONERA.
Où te vois-tu dans 5 ou 10 ans ?
Je souhaite continuer à travailler au sein de la filière recherche, passer mon habilitation à diriger des recherches et transmettre ma passion en formant des étudiants.
